"La vie, ce n'est pas seulement respirer, c'est avoir le souffle coupé"

Le Reste du Monde

Retour sur mon road trip au USA...

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Catégorie voyageVoyage en cargo: retour à la maison après 2 jours de traversée

Lundi 14 mars:

On a finalement navigué un peu plus vite que prévu. L’arrivée au Havre était prévue le 15 mars. Finalement, ça sera le 14 en fin de soirée. Mais pour autant, je ne débarquerai pas aujourd’hui. Mes parents vont venir me chercher au port en voiture depuis Paris. Inutile de leur faire changer leurs plans pour faire la route ce soir, demain matin, ça sera beaucoup mieux.

Le dernier dîner à bord est vite expédié. La plupart des officiers sont déjà à la manoeuvre pour préparer l’arrivée au port. Ou alors en train de faire du rangement dans leurs cabines. Tout l’équipage est impatient de rentrer. La Traviata est partie en décembre dernier, et cela fait plus de deux mois et demi qu’ils n’ont pas vu leurs familles.

Moi aussi je rentre chez moi. La dernière fois que j’ai quitté la France, c’était fin juillet. La deuxième partie de mon grand voyage autour du monde (16 mois au total) a été d’une richesse incroyable. Paris-Moscou en auto-stop avec Emily, la traversée de la Russie en transsibérien, la Mongolie en van, la Chine en train jusqu’à Hong-Kong… Puis Thaïlande, Birmanie, Malaisie… En huit mois, les seules fois où j’ai pris l’avion, c’était pour faire Hong-Kong/Bangkok, puis pour aller en Birmanie depuis la Thaïlande (on ne peut pas rentrer en Birmanie par voie terrestre). Ce voyage par voie terrestre/maritime a changé ma perception du monde. L’avion abolit la dimension physique de la géographie. C’est comme si on était téléporté d’un endroit à l’autre… d’un univers à l’autre. Sans transition. Sans comprendre la dimension du monde dans lequel on vit. Alors que finalement, on est tous voisins… Je suis sur le point d’accoster au Havre, et j’ai franchi physiquement chaque mètre, chaque centimètre, chaque respiration, qui me séparent de Kuala Lumpur. La chaleur étouffante de l’Océan Indien, les minarets des mosquées de Oman, les raffineries de Jeddah, les plate-formes pétrolières de la mer Rouge, le canal de Suez, la parenthèse méditerranéenne de Malte, le rocher de Gibraltar… Les tours Petronas de la capitale de la Malaisie ne sont pas si loin que ça finalement. Enfin si, c’est loin, mais on peut y aller en bateau. Ca n’est plus sur un autre monde, ou un autre continent… C’est accessible.

La fin de 19 jours de traversée en cargo

Mardi 15 mars

La voiture de mes parents est garée le long du quai. Rapides adieux à l’équipage. Etrange sentiment d’avoir autant partagé pendant trois semaines et de devoir tourner la page. Pour eux, ils vont pouvoir profiter de deux mois de repos chez eux avant le prochain départ. Pour moi, c’est un peu l’inconnu. Je rentre chez moi, et après…? La dernière étape, Le Havre-Paris est vite franchie. Plutôt que l’insupportable périphérique, mon père m’offre l’Arc de Triomphe, la descente des Champs-Elysées, les quais de Seine, Notre-Dame… En ce 15 mars, il fait un soleil magnifique pour mon retour à Paris.

Et voilà. J’ai traversé l’océan Indien, échappé aux pirates dans le golfe d’Aden, bronzé sur la mer Rouge, remonté le canal de Suez, parcouru la mer Méditerranée, effleuré l’océan Atlantique, débouché dans la Manche, débarqué au Havre, emprunté la A13, descendu les Champs Elysées, longé les quais de Seine, et je suis rentrée à la maison.

J’étais hier soir tard dans la passerelle de navigation. Dernier port, dernier « créneau »… La Traviata est bien arrivée au Havre. Dernière nuit à bord à quai. Pas de rouli, au port, le cargo ne bouge pas. Beaucoup d’allées et venues à bord ce matin. L’équipage n’a pas encore débarqué. Il faut gérer le débarquement de la cargaison, le bilan de la traversée, la transmission au nouvel équipage… Moi j’attends mes parents. Partis tôt ce matin de Paris, ils doivent arriver en fin de matinée. Je tombe sur eux par hasard dans une coursive de la Traviata… Arrivés tôt ce matin au port, ils ont en fait galéré pour trouver le quai du cargo… sont tombés par hasard sur le cuisinier qui supervisait le chargement des provisions pour le prochain départ… lui ont dit qu’ils venaient chercher « leur fille, Sarah »… « Ah mais oui, Sarah, montez avec moi, elle est bord… » Et bing, je retrouve mes parents!

Je profite de l’occasion pour leur faire visiter le cargo, ma maison des trois dernières semaines. C’est la première fois qu’ils ont l’occasion de monter sur un tel monstre des mers. Epatés par le confort et le luxe de ma cabine (ils n’avaient pas imaginés ça), je les emmène à la découverte de la passerelle de navigation et leur présente le capitaine. Mon père le remercie d’avoir ramené sa fille en toute sécurité depuis la Malaisie. Bref échange entre eux sur les actes de piraterie dans le Golfe d’Aden. Je n’étais pas vraiment consciente des risques, mais mon père, qui connait bien la région, l’était plus que moi...

Bien que je me rende très souvent à Montpellier, pour des vacances ou pour des weekends, je n’avais jamais pris la peine de visiter sa petite sœur Sète. Lors de ma dernière visite j’ai donc décidé de corriger cet oubli et je me suis rendue dans la petite ville de pêcheurs, à environ une heure de Montpellier. Sur le chemin qui vous conduira là-bas, n’oubliez pas d’admirer l’étang de thau, plus grand plan d’eau de la région Occitanie : vous y verrez des pécheurs attraper leur repas du midi, ou des plaisanciers profiter du soleil pour faire un tour à vélo de l’étang.

L’avantage de cette ville, c’est que tout peut se faire à pieds, sauf l’accès aux plages. Un très grand parking gratuit se trouve à l’entrée de la ville, et il fait ensuite marcher un petit quart d’heure pour rejoindre le centre.

Flânez le long du canal pour apercevoir les magnifiques bateaux de plaisanciers qui viennent ici, ou déambulez dans les petites rues sinueuses du centre ville. Attention, la ville est construite sur une colline, donc ça monte un peu dans certaines rues.

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