Introduction

Le Jeu d'une vie

Il faisait sombre. Impossible de savoir si elle se trouvait dans une pièce fermée, ouverte ou même en extérieur. Il faisait froid, l'air était glacé. Lydie souffla dans l'air et de la buée se forma. Mais où était-elle ? Et la lumière fut. Le flash aveugla la jeune femme pendant un instant, elle ferma les yeux et posa sa main sur son front, en visière juste au-dessus de ses cils pour se protéger de la lumière aveuglante. Et avant même de savoir ce qu'il se passait vraiment et où elle se trouvait elle eut une seule pensée.

Cours.

Il fallait faire vite, bien, réfléchir rapidement sans jamais arrêter de courir. S'arrêter c'était mourir. Il avait fallu qu'elle traîne dans cette rue une seule fois pour se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais pas le temps de se penser à ces choses. Le vent souffla une nouvelle fois et Lydie reconnut l'odeur si familière de la forêt. Le bois, les pins, l'herbe et l'humidité si particulière à la forêt. Ainsi, elle pouvait peut-être avoir un avantage. La jeune femme savait se repérer dans la forêt, dans celle de chez elle du moins. Des pas suivirent derrière et elle comprit qu'on la suivait. Deux, non, trois personnes. Elle accéléra. La jeune femme devait écarter les branches sur son passage pour ne pas les recevoir dans le visage, elle était en pente et le terrain glissait. On allait vers la chute. Il fallait qu'elle les prenne de court si elle voulait gagner. Mais gagner quoi... ? Elle ne savait même pas ce qu'elle faisait là. Lydie avait bien une idée mais elle refusait de la formuler, même dans ses pensées. Elle plia le genou pour perdre l'équilibre et se retrouva à terre. Les pas s'arrêtèrent et Lydie descendit en glissant le reste de la piste. Elle allait prendre de l'avance. Alors elle se releva sans attendre une fois en bas et repartit aussi vite qu'elle put. Tout allait très vite, le paysage défilait sous ses yeux et il ne ressemblait pas à ce qu'elle connaissait. Les arbres semblaient plus vieux, secs, aigris. Ils devaient se trouver côté sud, dans ce cas. Lydie se prit violemment une feuille dans la figure et la branche érafla son cou. Mais pour rien au monde elle ne devait s'arrêter, les pas revenaient. Mais maintenant, elle discernait aussi les respirations. Seulement deux respirations. Lydie se serait bien retournée mais elle ne pourrait pas éviter les obstacles qui pouvaient se dresser sur son chemin.

« Tu ne pourras pas courir éternellement, Lydie, cria une voix. »

Cette voix, elle l'avait déjà entendu, mais elle à qui appartenait-elle ? Une personne qui devait se trouver dans sa tranche d'âge pour courir à sa suite. Et Lydie détourna son attention une seconde seulement. Une seconde seulement et elle tomba dans le vide. La falaise.

La chute.

Elle ne dura que quelques secondes mais Lydie ne comprit que quand son corps entra en collision avec l'eau glacée. L'eau emplit ses poumons et la jeune femme but la tasse. Elle devait avoir fait une chute de plusieurs mètres, son corps commençait à s'engourdir dans l'eau gelée. Ses muscles tardèrent à répondre et la jeune femme crût couler à cause de l’absence de réponse de son corps. La surface ne revenait pas, elle était piégée dans l'eau. Le courant l'emportait et elle ne pouvait pas reprendre d'air. Elle paniquait. Quand elle crût atterrir au fond, sa tête émergea de la surface et elle put respirer. L'eau était froide, glacée, mais Lydie se devait de nager pour rejoindre un rivage. Nager ou se laisser porter par le courant pour économiser son énergie. Mais la température de l'eau était trop faible pour qu'elle puisse y rester longtemps. Le destin lui vînt finalement en aide et Lydie put rejoindre le rebord, en quelques minutes. La blonde s'accrocha à un rocher difficilement pour s'extraire de l'eau. La remontée sembla s’éterniser mais finalement, son cors s'extirpa de l'eau. Les membres lourds, Lydie s'allongea et recracha une bonne partie de l'eau qu'elle avait bu avec la tasse. Cette course ne menait à rien, elle commençait à fatiguer. Sur terre, sur mer, il en manquait plus que dans les airs. Mais le temps pressait, grâce à son ouïe, elle put discerner au loin les pas qui revenaient. Mais où était Danny ? Elle avait besoin de lui. Et pas la peine de compter sur son téléphone qui devait être mort après cette chute et toute l'eau. Un rapide examen de son état et Lydie découvrit une nouvelle balafre sur son bras, sûrement pendant la chute. Avant de partir, elle abandonna ses chaussures qui trempées, ne feraient que la ralentir. Courir pour survivre, phrase phare du coin. Elle n'avait jamais été mêlée à ces histoires avant mais il semblait que la donne avait changée. De retour dans les sous-bois, Lydie sut enfin où elle était. Plein phare à l'ouest. Il fallait qu'elle rejoigne la forêt plus dense pour tenter de les semer. Les bas se rapprochaient derrière quand elle se rendit compte qu'il ne restait qu'une personne derrière elle. C'étaient-ils séparés ? Sa tête se faisait lourde et ses jambes continuaient à courir sans même qu'elle s'en rende compte. Lydie était fatiguée de courir maintenant, les membres froids, les écorchures qui tiraient, pieds nus et elle n'était pas encore arrivée dans la forêt profonde. La forêt profonde était reconnaissable grâce à ses feuillages denses qui permettaient de facilement se cacher mais aussi rapidement se perdre. Les arbres étaient centenaires, très hauts, on pouvait donc se cacher dans un arbre creux. C'était le plan de Lydie, se cacher jusqu'à qu'on remarque qu'elle avait disparu.

« Personne ne viendra te sauver dans la forêt, Lydie ! »

Impossible de remettre un visage sur cette voix et la jeune femme prit peur. L'inconnu lui faisait peur. Impossible de faire face à ce qu'on ne connaît pas. Comment battre l'invisible ? Soudainement affolée, elle perdit complètement les pédales et en panique totale, elle écarta toutes les branches qui la gênaient sur son passage, son souffle se faisait de moins en moins régulier : elle perdait le rythme. Cette course enragée et surtout prolongée épuisait ses membres nettement plus fatigués depuis la chute dans l'eau. A l'intérieur de cette forêt immense, l'obscurité se faisait très vite. Lydie ne réussit pas à éviter une nouvelle branche qui érafla sa face gauche. Elle hurla de douleur et le sang commença à se propager sur son visage. Aucun arbre ne lui permettait de monter, ses membres étaient trop lourds, son visage la brûlait et les pas se rapprochaient, toujours derrière, toujours plus près. Elle allait devoir l'affronter. Qui que ce soit elle devrait l'affronter, elle ne pourrait plus courir pendant longtemps encore. Arrivée dans une clairière, un léger espoir revînt. Elle savait où elle se trouvait et ses jambes l'y avaient mené. Lydie glissa en avant et se retourna rapidement pour faire face à cette voix, inconnue et terrifiante depuis le début.

« Surprise petite Lydie. »

Éclair de surprise dans ses yeux, rapidement effacé. Il lui fallait reprendre le contrôle de sa personne et vite. Jeremy Brands, le frère de Nathan Brands. Le nom dans ses maigres pensées la fit frémir et Lydie retînt un tic de dégoût. Le premier avait fait fortune on ne savait comment et lui et son frère en profitaient. Les femmes ? Un jeu, pire même, une chasse. Alors c'était ça... Lydie était devenue la prochaine proie du pire des deux frères, l'aîné. Qui lui souriait à cet instant diaboliquement.

« Oh tu n'imagines pas la réaction de ton cher Danny. Cela sera le plus amusant. Lui qui a décidé de nous quitter pour ne plus rien entendre sur cette guerre de gang. Te rends-tu compte qu'il l'a décrite comme "stupide et sans sens" ? déclara-t-il en se déplaçant comme un rapace. »

Lydie avait passé assez de temps avec son oncle dans les bois pour savoir comment une chasse se passait. Une fois effrayée la proie était tellement plus excitante pour le chasseur, et la jeune femme le savait très bien. Il allait la traquer. Mais comment lutter avec son maigre corps de vingt-sept ans à peine contre le baraqué de vingt-deux ans ?

« Tu nous la joue à la Twilight, Jeremy ? Tenta-t-elle pour masquer son angoisse qui montait. »

Ce n'était pas le genre de fille à se laisser effrayer pour un rien mais à cet instant, la situation s'empirait. La peur l'empêchait de respirer calmement et de réfléchir librement, comme elle le voudrait. Jeremy ne faisait pas que chasser les femmes comme de pauvres objets... Il abîmait ses conquêtes. Et aujourd'hui plus que jamais, Lydie paierait les pots cassés.

« Danny ne parlait pas beaucoup de toi, il avait tort. Il a oublié de nous préciser que tu étais une très charmante créature. Ravissante, malgré ces cicatrices que tu viens de te faire dans la forêt. Quel dommage d'abîmer un si beau visage.
-Qu'est-ce que tu veux, Brands ? Trancha-t-elle pour en finir. »

A quoi bon gagner du temps ? Gagner serait difficile, voire impossible. Un rictus plus que mauvais se forma sur les lèvres du brun, charmé par la réplique de la gamine face à lui.

« On a de la répartie, Bébé Lydie ? »

Cette dernière déglutit. Bébé Lydie. Le surnom que lui donnait Danny. La seule personne qui pouvait l'appeler comme ça. Et cela devenait presque une insulte vulgaire dans la bouche de Jeremy. Danny, son petit ami qui avait rejoint un gang plus jeune et qui l'avait quitté une semaine auparavant. Lydie ne tremblait plus, son corps reprenait des forces petit à petit. L'adrénaline montait peu à peu dans ses veines et la jeune femme allait en jouer. Battre ou se replier ? Le temps de prendre la fuite, il pourrait aisément la rattraper, selon ses calculs. Elle jeta un regard en biais vers le côté opposé de la clairière, tentant sa chance de se côté. L'horreur la prit soudain.

« Oh frangin, tu as rapporté ce que je t'ai demandé ?
-Dans le sac, Jeremy. Tu es sûre de vouloir faire ça ? C'est la copine de Danny.
-Justement. Il a osé me défier devant toute l'assemblée Nathan ! Dégage maintenant, cria-t-il en lui prenant le sac des mains. »

Il jeta un pauvre regard en direction de la future victime qui fronçait les sourcils. Jamais elle n'aurait cru Nathan capable de tant de cruauté, le connaissant depuis enfant. Il repartit vers l'endroit d'où il était arrivé avant de se tourner une dernière fois vers on frère.

« Danny va te tuer. »

Et Nathan savait par expérience que Lydie était la plus grande faiblesse de Danny comme sa plus grande force. Il soulèverait des montagnes comme il rendrait les armes pour elle. Elle ignorait toutes les choses qu'il avait faites dans ce gang. C'était Danny qui avait craqué le premier pour la jolie blonde. Étant plus âgé de deux ans son aîné, il avait mis un certain temps avant de l'aborder. Avant de craquer définitivement quand il l'avait invité à sortir. Danny avait fini par lui dire son appartenance à un gang et la réaction de la jeune femme l'avait surpris. Pas un mot, pas un appel, pas un message, de simple nouvelle, pendant trois jours avant de la voir arriver un matin avec un simple : « Si tu meurs, je te tue, entendu ? ». Il avait vite découvert que Lydie n'était pas simple à cerner, toujours pleine de surprise. Leur relation était basée sur la vérité et par conséquence, elle connaissait tout le réseau du gang. Un point d'avance. Énervé par les propos de son frère, Jeremy se retourna vers lui, furieux.

« Hors de ma vue ! Fous le camp ! Dégage immédiatement et laisse-moi faire ce que je veux avec elle ! Tu pourras transmettre à ton grand ami Danny que sa copine est dans mes filets. »

Et Nathan disparut, aspiré par la noirceur et la profondeur de la forêt. Jeremy se tourna de nouveau vers Lydie, sac en main.

« On va voir si ta répartie te sers encore maintenant, annonça-t-il en sortant deux lames du sac. »

Il voulait se battre à l'épée ? Lydie le regarda, surprise par les objets. Elle ne comprit pas le principe mais elle se doutait que cela devait sûrement être un fantasme sordide du brun. Il lui lança la première épée qu'il tenait et par réflexe, elle la rattrapa adroitement.

« Jolie réflexe, bébé Lydie. Tu pourrais peut-être nous rejoindre, plus tard. »

Sa bouche se tordit en un rictus que même Lydie ne sut décrire. Pourquoi ne pouvait-elle pas prendre ses jambes à son cou et rentrer sagement chez elle ? Pas un instant, elle n'en voulut à Danny, jamais. Sa main tremblait et le frémissement se répandit sur la lame, qui trembla à son tour. Jeremy se rapprocha dangereusement dans sa direction, comme s'il se préparait à bondir.

« En garde, lui dit-il. »

Pas un mouvement, un bruit ne trahit cet instant. Avant que la lame de Lydie ne vienne frotter rageusement contre celle de Jeremy, le laissant perplexe un instant, à son tour. L'effet de surprise, fonctionne à tous les coups. Lydie savait se battre, ce qui allait sûrement compliquer la tâche à son agresseur.

***

Personne n'avait l'avantage. Lydie arrivait sans cesse à repousser les attaques du brun, qui tapait de plus en plus fort. Elle sautait, évitait, se cachait, rampait, roulait pour éviter chaque attaque plus précise que la précédente. Jeremy semblait ne pas se fatiguer à frapper, encore et encore. Il avait été désemparé par la défense de la gamine, qui précisait sa défense pour parer ses attaques. Elle savait se battre, c'était indéniable. Redoutablement entraînée, sinon elle ne pourrait pas répondre à cette lutte acharnée.

« Putain ! cria le brun. »

La lame de Lydie venait d'effleurer tout son bras, laissant un long filament de sang sur son passage. La plaie ne semblait pas profonde mais la longueur était impressionnante. Elle ne voulait pas le toucher, le blesser mais il fallait qu'elle se défende. Et ce jour-là, elle ne se trouvait pas dans une salle d’entraînement d'escrime où les points étaient factices. C'était lui ou elle. La jeune femme eût le temps d'enjamber un rocher, et avancer un peu plus dans la forêt, épée en main. Ce n'était plus panique et précipitation mais boule d'énergie et adrénaline. En espérant que Danny ou des renforts quelconques finiraient par arriver, au plus vite. Il arrivait à sa suite, elle le sentait, ses sens se renforçaient seconde par seconde. Elle se mouvait comme un chat, un véritable félin. Avec puissance elle se retourna en pleine course pour saisir un nouvel assaut. Lydie faillit céder tellement la pression de leurs larmes était forte. Jeremy roula des épaules pour gagner du terrain. Leurs respirations se mélangèrent et dans un accès de dégoût, Lydie lui envoya un cracha en plein visage. Manoeuvre qui n'avait pour but que de l'aveugler pour pouvoir se dégager. La blonde faisait preuve d'une grande tactique et cela fonctionna. La pression céda et elle se dégagea en rejetant sa lame pour le déséquilibrer. Jeremy perdit l'équilibre et il ne vit que les cheveux blonds, au loin. Lydie prenait finalement la fuite. Pour le moment, elle tenait le coup mais rapidement, elle ne pourrait plus contrer ses attaques adroites et violentes. A moins qu'elle n'attaque à son tour...

***

Cachée dans un arbre, Lydie attendait. Elle avait asséné un nouveau coup rapide à Jeremy, au niveau de la jambe droite. Elle avait réussi à se cacher pour pouvoir se reposer un peu, n’ayant aucune idée de comment cette histoire se finirait. S’il l’attrapait, c’en était fini pour sa vie. Elle le vit passer, non loin, qui boitait quelque peu. Cela devait faire plus de cinq heures qu'ils courraient dans les bois et Lydie ne sentait plus ses jambes. Elle attendit qu'il avance, un peu. Encore un peu, un pas encore, pour se trouver juste sous l'arbre. Et elle se glissa hors de sa cachette, en nouvelle attaque surprise. Lydie sauta de l'arbre sans bruit pour tomber sur Jeremy. Mais, alerte, il avait prévu le coup et sa lame frôla la jambe entière de la jeune femme. Son jean se déchira sur la longueur et elle retînt un cri de douleur. Elle finit sa chute à cheval sur lui. Ignorant la douleur de cette immense plaie, elle le maintînt à terre en appuyant sur sa jambe blessée et elle retira son épée de sa portée. Gardant la sienne, bien empoignée.

« Bravo Lydie, tu passes du côté obscure, bienvenue. »

La lame descendit le long de son torse et Lydie la fit glisser sur son coeur, lentement. Ils se défiaient du regard mais aucun ne baisait les yeux. Oh l'orgueil et l'ego.

« Et bien vas-y, enfonce la lame Lydie. Tue-moi. »

Tue-moi. Tue-moi. Tue-moi. Tue-le. Enfonce la lame, prend lui sa vie. Enfonce la lame. Enfonce la lame. Tue-le. Enfonce et tue. Enfonce. Enfonce. Tue-le. Enfonce cette putain de lame dans sa chair. Les mots résonnaient dans sa tête et ce fut comme si elle était prise d'un mal de tête immédiat. Il fallait qu'elle se décide vite. Mais pouvait-elle vraiment enfoncer la lame sous sa peau ? Lydie pouvait-elle vraiment lui retirer la vie ? Sa main trembla et la lame tangua. Les larmes commencèrent à perler ses les pommettes de la jeune femme. Avant que l'épée ne tombe avec fracas au sol. Un silence de plomb s'en suivit et Jeremy tourna la tête sur le côté, ébahi.

« Tu es incapable d'ôter la vie, petite joueuse.
- Les grands joueurs savent seulement tricher. »

Ce qui voulait dire que si les vainqueurs laissaient la vie sauve, ils pouvaient à leur guise regarder leur triomphe ensuite. Et la défaite des autres. La flamme battait dans les yeux de Lydie, cette course venait de tout bousculer dans sa tête et elle ne savait plus quoi penser, dire, faire.

« C'est tellement plus simple et gentil d'ôter la vie, Jeremy.
-Qui te dit que moi je te laisserai sauve ? »

Encore la seconde précédente, il était à terre sous son corps et désarmé. Il la renversa en rattrapant l'épée, en l'immobilisant à terre de son poids. Un, deux, trois et Lydie était coincée à terre sans issue. Un, deux, trois, il remonta la lame vers le haut. Il voulait voir la peur dans ses yeux, la sentir trembler contre lui, agoniser à terre en attente de sa fin. Il voulait la voir souffrir comme jamais auparavant et éteindre cette flamme de courage qui battait dans ses pupilles. Mais rien ne vînt. Lydie ne trembla pas, ne cilla pas, rien. Un, deux, trois, Jeremy fut étonné et énervé, il prit de l'élan pour abattre la lame. Lydie eût tout juste le temps de fermer ses yeux. Et il tomba comme mort au sol. La jeune femme eut tout juste le temps de rouler pour éviter la lame dans la tête, complètement paniquée.

« Faut surveiller ses arrières Jeremy. Les grands joueurs sont ceux qui attaquent toujours par derrière.»

Incapable de réagir, Lydie restait pétrifiée, le contre coup commençait à la bouffer de l'intérieur. Elle venait de courir dans une forêt, tomber de la falaise avant de se battre pour survivre et elle avait été à deux doigts de tuer quelqu'un. Danny s'avança vers elle pour retourner le corps de Jeremy, sans vie, maintenant. Il s'agenouilla à ses côtés et lui retira l'épée de ses mains.

« Tu vois Jeremy, toucher à même un seul cheveu de mon bébé... Absolument pas une bonne idée. Garde tes jeux pour toi. »

Danny lança au loin l'épée et revînt en direction de la jeune femme, toujours assise par terre. Ses vêtements étaient dans un sale état. Le jean troué, déchiré. Le pan gauche était déchiré de la cuisse au mollet laissant voir une longue trace ensanglantée qui n'avait pas encore séché. Le jean baignait de sang. Il s'agenouilla ensuite à ses côtés sans la toucher d'abord. Le brun savait qu'il venait probablement de l'effrayer et il ne fallait pas qu'elle prenne la fuite. Les yeux au loin, Lydie tentait de ne pas craquer et fondre en larmes, complètement déboussolée. Et sa jambe commençait à brûler, à vraiment lui faire mal. Sans parler de son visage.

« C'était...
-C'était bien le jeu des Brands, confirma-t-il. Et maintenant, c'est terminé.

Nathan l'avait donc prévenu, au final. Mais dans quel état se trouvait le deuxième frère... ? Danny n'avait pas toujours osé le moindre mouvement dans sa direction, à une distance raisonnable. Et une nouvelle fois elle le surprit.

-Je t'en prie Danny, ne reste pas si loin j'ai besoin de toi, là. »

La seconde qui suivit, elle était déjà entourée par ses bras, seul endroit où elle pouvait se sentir en sécurité, du moins avant. Danny avait abattu Jeremy. Abattu Jeremy pour la sauver. Au début, Lydie ne voulait pas craquer. Elle se serra comme elle pu contre Danny qui la maintenait contre lui, dans son étreinte aussi fort qu'il le pouvait. Il l'aimait tant. Il aurait fait n'importe quoi pour sa petite personne, même se tuer. Même partir au loin pour qu'elle vive avec quelqu'un d'autre. Le corps de la blonde trembla et il retira sa veste pour lui mettre. Comme on habillerait une poupée, il passa lui passa les manches une à une et il sentit que son bras droit devait être amoché, en observant sa grimace dissimulée de douleur.

« Faut faire soigner tes blessures, Lydie. Et vite, déclara-t-il.
-Qu’est-ce que tu fais du… ?
-On s'en occupera plus tard, ne te préoccupes pas de ça. C'est fini. »

Elle n'ajoutera rien et enfouie de nouveau sa tête contre son torse. Sa tête lui répétait qu'il venait d'abattre un homme mais finalement, elle se sentait protégée avec Danny. Elle ne serait jamais la cible. Elle était celle qu'il protégeait. Son protecteur. La douleur de sa jambe la lança de nouveau et elle retînt un cri de douleur. Vulgairement caché, Danny se releva telle une flèche mais il fut remis à genoux par son amante qui l'avait attrapé par le bras. Le grand brun la regarda inquiet. Peut-être ne pouvait-elle-même pas être bougée ? Il lut dans ses yeux ce qu'elle voulait. Elle n'avait pas besoin de lui dire. Danny secoua la tête, inquiet pour ses plaies qui continuaient de saigner, moins cependant. Lydie craqua, soudainement, les larmes perlèrent sur ses joues, ensanglantées. Paniqué par sa vive réaction, il ne savait s'il devait céder à sa demander. Quelques secondes d'hésitation. Avant de craquer et de saisir avec toute douceur le bassin de la jeune femme pour la coller contre lui et l'embrasser. Lydie crût que son coeur allait sauter, comme de la dynamite et Danny faillait. Embrasser Lydie c'était comme s'injecter directement de l'héroïne sous la peau. Ce n'était pas vraiment une sensation descriptible, puisqu'au final, seuls eux savaient vraiment ce qui passait à l'intérieur pendant ces secondes suspendues dans le temps. Danny avait cédé mais il avait Lydie contre lui et ses bras autour de son bassin, idéal pour la soulever. Il attrapa la jeune femme en évitant de relancer sa jambe, aussi délicatement que s'il transportait de la porcelaine.

« Tu ne pourras pas me porter tout le chemin, Danny, on est trop loin. Laisse-moi marcher.
-Ma voiture n'est pas loin, Lydie. Ne t'inquiète pas pour moi. »

Lydie allait tenter de répliquer mais sa jambe la lança denouveau et cette fois, elle ne put se taire. Avant d'enfouir sa tête dans le cou de Danny qui déposa un simple baiser sur sonfront. Elle tenta d'apaiser sa douleur en mordillant le bout de son pull. Mais rien à faire, Lydie avait mal. Il aimerait pouvoir apaiser sa douleur, la voir souffrir était insupportable. Il accéléra la cadence pour rejoindre au plus vite sa voiture. Et soigner ses blessures. Mais Danny oubliait un détail important. Lydie était blessée et en état de choc, mais comment réagiraitelle vraiment quand elle serait lucide ? Et voilà que tout lui semblait irréel, ce qu'elle venait de vivre n'avait rien de naturel. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Pas après cette journée. Et rien n'était terminé.

→