Chapitre 01      



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Seuls les idiots croient la chance








Chapitre 01 : Souffrance

image décorative en début de chapitre - plusieurs bras se soulèvent par effet de superposition

« La souffrance d'autrui même lorsqu'on connaît la cause est une porte verrouillée de l'intérieur
contre laquelle on ne peut que frapper discrètement pour que l'autre sache qu'il n'est pas seul. »
- Les Silences du Corbeau




Caterham, Surrey, Angleterre

Elle se trouvait, inconsciente au sol et personne ne venait pour l'aider. Comme si elle avait mérité son sort. Chacun resta immobile avant que Nicholas ne se décide à fendre la foule pour venir la relever. Et il affronta chaque regard, sans jamais baisser les yeux, parce qu'il savait ce qu’il affrontait, contre qui il se battait. Du moins, il le pensait. Il s'agenouilla devant la jeune femme inconsciente pour la prendre délicatement dans ses bras. Avant de traverser une nouvelle fois la foule pour la ramener dans sa chambre et la déposer sur son lit. Elle était toujours inconsciente quand il la déposa, après la violence du choc cela était compréhensible. Alors Nicholas attendit, prit une chaise et s’assit à ses côtés. Quelques fois, son corps frémit, comme si elle venait de recevoir un choc électrique. Après une longue attente, Nicholas se décida à la secouer quelque peu pour la réveiller en douceur. Marie se retourna avant d'ouvrir les yeux, déstabilisée.

« J'ai recommencé ? Chuchota-t-elle.
— Oui.
— Je suis désolée. »

Il lui avait déjà répété de ne pas s'excuser pour quelque chose qu'elle ne pouvait pas encore contrôler, alors Nicholas se contenta de lui prendre le poignet pour le serrer entre ses doigts en signe de compassion. C'était dur, comme chaque nouveau jour. Mais il espérait qu'un jour, le cercle vicieux prendrait fin.

« Tu dois partir ?
— Il est bientôt l'heure, Marie. Je n'ai pas le choix.
— Ne me laisse pas, lui demanda-t-elle. »

Marie dégagea son poignet pour pouvoir saisir sa main et tenter de le garder contre lui, pour ne pas qu'il parte une nouvelle fois. Il voulait aussi serrer sa main pour la rassurer et lui dire qu'il resterait mais il savait que cela était impossible. Nicholas détestait lui mentir.

« Je reviens demain, tu sais. »

Demain, ou bien un autre jour dans la semaine, c'était un vrai jeu de hasard. Et cette fois, même Marie ne fut pas dupe. Il mentait. Le mensonge, c'était son quotidien, mais elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde passait son temps à lui mentir alors qu'elle savait la vérité. Du moins, elle le croyait. C'était peut-être le début du problème.

« Tu sais que c'est faux, souffla-t-elle.
— Bien sûr que non.
— Tu peux partir, déclara-t-elle en se retournant pour lui tourner le dos. »

C'était brusque, soudain, avec précipitation. Aucun changement d'humeur n'était prévisible et malgré l'habitude, le coeur de Nicholas se serra en sentant la froideur dans sa voix. Cette facette de sa personnalité le perturbait de plus en plus, mais elle ne pouvait la contrôler et elle était en elle. Inutile d'insister, il ne pourrait pas gagner la bataille ce jour-là, elle était repartie. Pour lui, il n'était pas concevable que c'était une simple saute d'humeur. Elle reprenait le dessus. Nicholas se remit sur ses pieds pour quitter la chambre, avant d'hésiter une dernière fois sur le pas de la porte.

« Tu me gardes un dessert pour demain midi ? demanda-t-il en refermant la porte. »

Marie n'esquissa pas le moindre mouvement.


23 :04 ~ Chambre de Marie.


Marie se retourna dans son lit encore. Le sommeil ne venait pas, rien à faire. Elle avait essayé tous les conseils qu'on lui avait donnés lorsqu'elle était victime d'une insomnie, comme cette nuit. Mais des pensées contradictoires envahissaient son esprit. Et trop souvent les mêmes mots revenaient. Mais ils se mélangeaient de plus et en plus, jusqu'à devenir ncompréhensibles. Elle sortit ses jambes de la couette et se pencha sous le lit, à la recherche d'un objet. Objet qu'elle trouva, un téléphone. Téléphone qu'elle devrait changer de place demain, car des caméras de surveillances étaient dans la chambre.

"Batterie vide"

Marie était soudainement déçue, son dernier espoir venait de disparaître : appeler Nicholas. Même en plein milieu de la nuit, elle était persuadée qu'il aurait répondu. La jeune femme passa le téléphone dans sa manche de pyjama avant de se recoucher, une fois sous la couette, elle posa le téléphone sous son oreiller. Avant de se relever brusquement. La pièce tourna quelques secondes, parce qu'elle s'était relevée trop vite. Assise en tailleur, elle se mit à jouer avec ses doigts. Quand un bruit, comme un chuchotis se fit entendre. Elle pencha la tête sur le côté, intriguée, avant de se lever. Elle s'approcha de la porte, quand celle-ci s'ouvrit brusquement. Marie retînt un cri.

« Mademoiselle Sullivann ne devriez-vous pas dormir à cette heure-ci ? Questionna l'homme qui venait d'entrer.
— Dr Southampton...
— Avez-vous prit vos médicaments ce soir ? Enchaîna-t-il.
— Il me semble qu'on me les a injecté directement, cracha-telle.
— Vous me semblez bien lucide ce soir...
— Étrangement.
— Vous devriez retourner vous coucher... continua-t-il sans relever sa réflexion. »

Il s'approcha d'elle, la dominant de sa hauteur, mais Marie ne se démonta pas. Elle pouvait de nouveau encaisser ce qu'il pouvait faire, elle ne fermerait pas les yeux, elle ne fermerait plus les yeux. Les secondes défilèrent, mais il se contenta de se détourner pour se diriger vers son lit... " Le téléphone ! pensa-t-elle". Marie aurait voulu le prendre de vitesse mais il fut plus rapide. Et il s'approchait de plus en plus de l'oreiller, avant de le soulever.

« Il semblerait que ceci vous empêche de dormir, mademoiselle Sullivann.
— Laissez-le-moi ! cria-t-elle en essayant de lui reprendre. »

Marie essaya de lui repasser devant mais il avait déjà mis le téléphone dans sa poche. Southampton souffla, lassé. Il saisit soudainement ses poignets pour éviter de recevoir un de ses maigres coups pour l'envoyer avec force sur son lit. L'acte coupa le souffle de Marie et elle ne tenta pas de se relever, une nouvelle fois. Elle perdrait contre lui, elle le savait.

« Dormez bien, finit-il en se dirigeant vers la porte. »