Si Utopia réfléchit à la fragile relation qui s’installe entre deux humains qui se plaisent et apprennent à se connaître, il est aussi marqué par une relation puissante et stable. On retrouve de nouveau Arca à la réalisation et la composition de plusieurs pièces. Björk a trouvé chez Arca un créateur qui explore un univers sonore qui lui convient. La rencontre fonctionne encore une fois. The Gate, premier extrait à paraître d’Utopia, le démontre éloquemment.
Dans Features Creatures Björk explore cette manie de rechercher ce qui par le passé nous a fait tomber pour quelqu’un. Elle y va de banalités anecdotiques comme quelqu’un qui porte un barbe semblable ou qui magasine au même disquaire. Cet aveu candide d’un moment où l’on cherche l’amour partout. La soif prenant le dessus sur la raison comme un alcoolique qui cherche dans chaque fond de bouteilles pour une ultime gorgée et vit dans l’espoir à chaque bouteille croisée.
Blissing Me fait aussi preuve d’une honnêteté déconcertante. Nous suivons le raisonnement de Björk qui se rend compte qu’elle n’est pas tombée en amour avec la personne, mais bien avec l’amour en soi. En débutant par un échange de musique, elle plonge à travers cette relation qui n’en devient jamais une. Björk semble en avoir encore beaucoup sur le cœur quand même. Vulnicura ne semble pas avoir expié tout le fiel qui l’habitait. Sur Tabula Rasa, malgré les flûtes traversières douces et enchanteresses, le propos est dur et violent.
C’est dur et en même temps, empreint d’une détermination de fer. Lorsque Björk de son album de « dating », elle réussit à bien exprimer ce genre de malaise où l’on rencontre de nouvelles personnes sans toutefois pouvoir s’affranchir d’un passé trop frais et encore trop présent. Elle fait preuve d’une grande humanité et continue à se faire aventureuse musicalement. Le principal défaut étant que ses mélodies semblent parfois se perdre dans les airs et ne pas aboutir. Mais à partir du moment où l’on accepte de s’y laisser porter, Björk nous guide de sa voix caractéristique et unique.
C’est une douce utopie que nous présente Björk sur son nouvel album. Utopia n’est pas seulement fait de lumière, il compte aussi des zones ombragées où les sentiments ne sont pas clairs ni définis. C’est un album fort réussi qui rassure après les sombres jours de Vulnicura. Ce n’est pas pour autant une œuvre facile à digérer et ça prend de nombreuses écoutes pour vraiment y plonger.
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