Leonard Cohen

Leonard Cohen, né le 21 septembre 1934 à Westmount, Montréal et mort le 7 novembre 2016 à Los Angeles, est un auteur-compositeur-interprète, musicien, poète, romancier et peintre canadien. 

Son premier recueil de poésies paraît à Montréal en 1956 et son premier roman en 1963.

Les premières chansons de Leonard Cohen (principalement celles de Songs of Leonard Cohen, 1967) sont ancrées dans la musique folk, et chantées avec une voix grave. Dans les années 1970, ses influences se multiplient : musique pop, de cabaret et du monde. Depuis les années 1980, il chante accompagné de synthétisueurs et de choristes. 

Dans tous ses travaux, Leonard Cohen reprend souvent les mêmes thèmes : l'amour-passion, la religion, la solitude, la sexualité et la complexité des relations interpersonnelles. Leonard Cohen assume sa dépression chronique depuis longtemps et ne se l'est jamais cachée ni ne l'a jamais cachée, allant jusqu'à en parler aux journalistes rassemblés à l'occasion de la conférence de presse sur son album Old Ideas.

Son œuvre poétique a été récompensée par le Prix Prince des Asturies des Lettres 2011.

Leonard Norman Cohen (Eliezer ben Nisan ha'Cohen) naît dans une famille juive aisée d'ascendance polonaise en 1934 à Westmount, municipalité huppée de la banlieue de Montréal au Quebec  Son père, Nathan Cohen, est propriétaire d'un magasin montréalais de vêtements ; il meurt alors que Leonard a 9 ans. Il grandit dans une ambiance messianique

À l'adolescence, il apprend la guitare. Il formera plus tard un groupe d’inspiration country folk, les Buckskin Boys.

Lorsque l’on évoque Leonard Cohen, le monde se partage immédiatement en deux camps : les contres, les indifférents, ceux qui le trouvent triste et barbant, rasant, et les pour, les admirateurs, ceux qui voient en lui un grand auteur-compositeur, un spécimen unique dans l’histoire du rock. Mais dans un cas comme dans l’autre, Leonard Cohen ne laisse personne indifférent, ce qui est sans doute la marque de son immense talent. Un talent dont la parution du CD More Best Of, un portrait de l’artiste couvrant les années 84 à 97 permet une nouvelle fois de mesurer toute l’étendue

Leonard Cohen est né en 1934 dans la province du Québec, à Westmount, un quartier riche et anglophone de Montréal, d’une famille juive russo-polonaise. Il est très tôt passionné par la littérature et la poésie où ses goûts ne se limitent pas uniquement aux auteurs anglo-saxons.

Leonard Cohen :
Quand j’étais jeune j’ai commencé à lire vraiment avec les romanciers français comme Camus et Sartre comme tout le monde ! Je lis très peu de poésie maintenant, mais j’étais très influencé par quelques poètes. Parmi eux  Federico Garcia Lorca, le grand poète espagnol, William Butler Yeats, le poète irlandais et… la Bible, les poésies de la Bible, beaucoup.  

A 17 ans Leonard Cohen entreprend des études d’histoire à l’université de Mc Gill, tout en écrivant ses premiers poèmes. Parallèlement il s’intéresse déjà  à la musique et il participe à la formation d’un trio de country-musique et de folk "Les Buckskin Boys". En 1956, il publie un premier recueil de poèmes  Let Us Compare Mythologies  grâce à une souscription lancée dans le journal de l’université : le McGill News Paper ; d’une manière générale le livre est bien reçu, même si ses ventes ne dépassent pas les quelques centaines d’exemplaires.

En 59, avec l’aide d’une bourse qui lui est allouée par les affaires culturelles du gouvernement canadien, Leonard Cohen se rend en Europe.

Leonard Cohen séjourne quelques temps à Londres, puis en Grèce où il loue une maison sur l’île d’Hydra qui n’est pas encore  le haut lieu touristique qu’elle est devenue aujourd’hui. C’est à l’époque un refuge très apprécié des artistes qui y trouvent l’accueil et le calme propice à l’inspiration. C’est à Hydra où il va finalement séjourner  7 ans que Leonard Cohen écrit Flowers for Hitler un recueil de poèmes très controversé qui paraît en 1964 ou il raconte notamment sa rencontre avec Marianne Ihlen, sa compagne dans une librairie de l’île. Il publie aussi deux romans : The Favorite Game en 63 (un portrait d’un artiste jeune juif dans Montréal) et Beautiful Losers en 66, décrit comme une désagréable épopée religieuse d’une grande beauté. Lors de la publication de Beautiful Losers, le Boston Globe écrit : "James Joyce n’est pas mort. Il vit à Montréal sous le nom de Leonard Cohen", ce qui est certes élogieux mais ne nourrit pas son homme car le livre se vend mal; 3000 exemplaires au États-Unis et un millier au Canada et Leonard Cohen voit bien qu’il lui faut trouver une  autre voie  pour gagner sa vie. La musique s’impose tout naturellement à Cohen car depuis son enfance et au travers de son expérience avec les  "Buckskin Boys", elle a toujours occupé une place de choix dans sa vie.

Leonard Cohen :
J’aimais bien toutes les oeuvres de Segovia et les guitaristes flamenco, les folkloriques portugais, les fados, toutes les chansons du Moyen-Est et naturellement les musiques pop dans les juke-box de tous les cafés de Montréal. 

Leonard Cohen décide de se rendre à Nashville pour tenter d’enregistrer un album de country-western. En chemin il fait halte à New York où il découvre Joan Baez, Bob Dylan, Phil Ochs, Joni Mitchell et Tim Buckley. Cohen se met alors à fréquenter Greenwich Village où il tente de placer ses chansons auprès des artistes de la scène folk et c’est ainsi qu’il rencontre Judy Collins.

Leonard Cohen :
J’ai rencontré Judy Collins à New York un certain moment et j’ai joué quelques chansons pour elle et elle m’a dit qu’elle n’aime pas exactement … elle aime ce que je fais mais si j’ai quelque chose dans l’avenir… Quand j’ai terminé Suzanne je lui ai téléphoné de Montréal et je lui ai chanté cette chanson et elle a dit qu’elle veut l’enregistrer  cette chanson et elle m’a aidé beaucoup.

La version de Suzanne qui figure sur  l’album In My Life de Judy Collins permet à Leonard Cohen de se faire un petit nom sur la scène new-yorkaise. Il rencontre ainsi Allen Ginsberg et Andy Warhol, ainsi que des musiciens comme Lou Reed, Jakson Brown et Nico. Il fait aussi la connaissance du producteur et découvreur de talent John Hammond qui l’aide à signer chez C.B.S., la maison de disque de Bob Dylan. Un premier album, Songs Of Leonard Cohen paraît en janvier 68. Pour les Américains, Songs of Leonard Cohen n’est que l’œuvre d’un auteur relativement connu qui veut prouver qu’il sait aussi écrire des chansons. Pour les Européens c’est une découverte totale puisque aucun de ses livres n’a encore été traduit. L’album parfaitement maîtrisé pour une première oeuvre est une suite de classiques, de Suzanne à So Long Marianne en passant bien sûr par Sisters Of Mercy.

Leonard Cohen est à la mode et sa maison de disques le presse de réaliser un second album, il choisit de le faire à Nashville qui est, rappelons-le, le but initial de son passage à New York, et c’est Bob Johnston qui a déjà à son actif  des albums de Simon et Garfunkel, Johnny Cash et  Bob Dylan qui est chargé de la production. Le résultat: Songs From A Room qui est publié en avril 69.

Le premier album de Leonard Cohen a reçu un accueil enthousiaste en Europe où des chansons comme Suzanne, Sisters Of Mercy et So Long Marianne sont mises au rang de classique. Un an plus tard, Songs From A Room, son deuxième album qui s’ouvre sur Bird On A Wire ne déçoit pas. Cohen y aborde des problèmes comme la religion, l’histoire, l’engagement politique à coté du suicide et de la drogue. C’est un énorme succès en Angleterre où l’album se classe N°2 ainsi que dans les pays francophones où l’on s’attarde sur sa version bilingue de la Chanson du Partisan d’Anna Marly.

Leonard Cohen effectue sa première tournée Européenne en 70 accompagné du groupe "The Army" au sein duquel on remarque un certain Charlie Daniels au violon et à la guitare acoustique. A Aix en Provence on frôle la catastrophe lorsque Cohen qui, rappelons le, vit en Grèce se voit traité de fasciste par des spectateurs qui lui reprochent de cautionner le régime des colonels

Leonard Cohen :

J’ai pas passé beaucoup de temps quand les colonels étaient là ; j’ai passé du temps dans les années 60 la plus part du temps, mais j’avais des amis là-bas pendant tout ça et j’avais une vie, c’est pas une question de supporter le untel ou quelque chose comme ça !

A l’île de Wight,  Leonard Cohen fait un triomphe dont on retrouve un extrait sur l’album Songs Of Love And Hate en avril 71. Entre temps il s’est installé à Nashville. C’est donc très logiquement dans cette ville qu’il a enregistré le disque avec toujours Bob Johnston  aux commandes et le groupe "The Army" pour l’accompagner. C’est la première fois qu’apparaissent des arrangements de cuivres et de cordes. Elles sont l’œuvre de Paul Buckmaster dont Leonard Cohen avait apprécié le travail sur un album d’Elton John. Songs Of Love And Hate contient quelques grands titres de Cohen comme Famous Blue Raincoat ou Joan Of Arc. Pourtant l’album s’attire les foudres d’une certaine critique qui lui reproche son manque de sobriété musicale

Leonard Cohen prend alors quelques distances avec la chanson et en 73, Columbia doit se contenter de publier un album public Live Songs où l’on trouve quand même 5 inédits ! S’il reste absent de la scène musicale, Cohen n’en est pas moins actif mais dans d’autres domaines. En vrac, il publie un nouveau recueil de poésies The Energy Of Slaves, il fait deux enfants : Adam et Lorca à sa compagne Suzanne, il quitte Hydra et il rejoint Israël en pleine guerre du Kippour par devoir et comme alibi pour s’éloigner de la maison confie-t-il ! On retrouve d’ailleurs un aspect guerrier dans le nouvel album de Cohen New Skin For The Old Ceremony  qui paraît finalement en septembre 74. Ici les chansons ont pour titre Field Commander Cohen, Who by fire, This is a War, ce qui révèle une certaine humeur belliqueuse. On retient aussi Lover Lover Lover le tube de l’album et Chelsea Hotel dédié à la mémoire de Janis Joplin. Les arrangements ont été confiés à John Lissauer qui a su mettre en valeur la voix de Cohen et lui redonner le souffle qu’il semblait avoir perdu.

Après New Skin For The Old Ceremony, le rythme de parution des albums de Leonard Cohen ralentit sérieusement. A part un Greatest Hits en novembre 75, c’est le silence à tel point que Bob Dylan dédicace son album Desire à Leonard s’il est encore dans le coin. Cohen répond en l’invitant à chanter sur son nouvel album Death Of Ladies Man. Le disque a été réalisé par Phil Spector, le producteur génial des Ronets, et autre Ike et Tina Turner. On s’étonne que Cohen ai choisi Spector qui traîne une réputation de paranoïaque, de fou dangereux. A moins que ce soit Spector qui ai choisi Cohen.

Leonard Cohen :

On a eu un ami mutuel et il m’a appelé à un concert que j’ai donné dans le Troubadour alors Phil est venu et il nous a invité à sa maison, il fermé la porte et on avait pas le droit de sortir, moi je lui ai dit "si nous sommes ici, allons nous faire quelque chose ensemble" et c’est commencé comme ça.

C’est la première fois que Cohen travaille en duo. Lui se chargeant des textes et Spector de la musique. En studio, l’ambiance est inquiétante avec des gardes du corps armés jusqu’aux dents, des balles et des bouteilles de vins qui jonchent le sol. Pour finir Phil Spector confisque les bandes de l’album et les mixe tout seul, sans l’avis de l’artiste !. Le résultat, contestable et contesté en son temps, poussera Cohen à revenir à une forme plus traditionnelle pour son disque suivant.

L’album Recent Songs paraît en septembre 79. On y retrouve une instrumentation plus proche de l’image habituelle de Leonard Cohen avec parfois des accents orientaux ou mexicains comme sur Un Canadien Errant une vieille chanson du Québec écrite en 1847 par Gerain Lajoie. Désormais Cohen prend son temps .De toute façon, c’est un perfectionniste, un travailleur acharné qui n’est jamais satisfait de son travail. Et ce temps il le lui faut pour écrire des chansons.

Leonard Cohen :

J’ai honte mais c’est vrai il y a des gens qui écrivent des très grandes chansons dans un taxi ou sur une serviette dans un café mais je ne sais pas; peut-être je suis-je paresseux ou lent, je ne sais pas, mais ça prend des mois, même des années. 

En 1984, Leonard Cohen publie un recueil  de psaumes Le Livre De Miséricorde et il tourne même dans un épisode dans la série télévisée "Deux flics à Miami". Son rôle, celui du grand patron d’Interpol, sera malheureusement coupé au montage. Plus sérieusement il passe de l’autre coté de la camera pour réaliser I Am A Hotel un film d’une demie-heure dont il est aussi le scénariste et qui gagne le premier prix au festival international de télévision de Montreux. En 84, toujours, Leonard Cohen écrit le texte de la comédie musicale de Lewis Furey Night Magic qui est portée à l’écran avec dans les principaux rôles : Carole Laure, Nick Mancuso, Jean Carmet et Stéphane Audran. Un nouvel album de Leonard Cohen Various Positions paraît en décembre 84. Il y développe sa réflexion sur la religion au travers de titres comme Hallelujah ou The Law, véritables psaumes contemporains émanant très certainement d’une longue et pénible odyssée spirituelle.

I Am Your Man parait en 1988. Cet album a été enregistré principalement à Montréal et mixé à Los Angeles, là où réside désormais Leonard Cohen, mais s’il a choisi la Californie ce n’est ni pour son soleil, ni pour ses palmiers.

Leonard Cohen :

J’aime bien la Californie parce que c’est la fin du monde, de l’essence de l’apocalypse, même le tremblement de terre, la société à même dans une condition de déchiré, même le paysage mental est dans un état d’explosion.

I Am Your Man est  un disque résolument  moderne qui n’a rien à envier aux autres productions de son époque et où l’on découvre pour la première fois dans l’œuvre de Cohen des séquenceurs  et des synthétiseurs. Autres signes des temps, deux clips tournés en France à Cabourg et à Trouville accompagnent les singles I Am Your Man et First We Take Manhattan.

En novembre 92, vingt cinq ans après Suzanne et Bird on the Wire, Leonard Cohen est à nouveau sous les feux de l’actualité avec son nouvel album The Future. Il s’est écoulé 4 ans depuis I Am Your Man, c’est long et Leonard Cohen s’en explique.

Leonard Cohen :

Mon fils a eu un accident de voiture et j’ai arrêté complètement parce qu’il a passé 6 mois à l’hôpital et à cause de ça j’ai arrêté complètement et c’était un peu dur de recommencer. Mais quand même ça prend des années pour perfectionner, pour préciser une strophe, une ligne, même un mot. 

Comme à l’habitude c’est un disque grave, sur des thèmes sombres, J’ai vu l’avenir, chérie et c’est le meurtre, ça va déraper dans toutes les directions chante Cohen dès le premier morceau de l’album. Pourtant, comme à chaque fois, la séduction opère et on se laisse prendre. Leonard Cohen c’est l’art de faire du beau avec du triste même s’il prétend que ses chansons sont pleines de rires étouffés et ses fidèles en redemandent.

En juin 94, Leonard Cohen nous propose Cohen Live, un album public enregistré lors de ses tournées mondiales de 1988 et 1993. Le disque couvre la période 67-88, mais il s’attache plus particulièrement au début, là où sont les classiques du poète de Montréal. Leonard Cohen à coutume de dire qu’il construit ses chansons comme des Volvos, c’est à dire pour une bonne trentaine d’années. Et c’est vrai que des titres comme Joan Of Arc, Suzanne, There is a War n’ont pas pris une ride. Les arrangements et une interprétation remaniés permettent encore mieux d’en apprécier la modernité. 

On le sait, Leonard Cohen est un adepte du bouddhisme zen qu’il pratique de longue date avec son ami et professeur Sasaki Roshi, une moine Japonais âgé de 90 ans. Entre 1994 et 1996, Leonard Cohen passe l’essentiel de son temps à méditer au centre zen du Mont Baldy en plein désert californien avant de franchir le pas et d’être ordonné officiellement moine bouddhiste le 9 août 96 sous le nom de Jikan, ce qui signifie "le silencieux". Pour tous ses fans la question est de savoir si depuis sa retraite monacale du Mont Baldy,  Jikan-Cohen éprouve encore le besoin d’écrire des chansons et de les faire partager au monde. Il semble bien que oui. En attendant ses nouvelles créations, Sony publie aujourd’hui More Best Of, un portrait de l’artiste recoupant la seconde partie de sa carrière et recoupant ses morceaux clés de ses 4 derniers albums . En prime 2 inédits The Great Event et Never Any Good.

Beaucoup d’artistes on chanté Cohen sur disque ou sur scène tel que Neil Diamont, Diana Ross, Joan Baez, Joe Cocker, Bob Dylan ou plus récemment le regretté Jeff Buckley. On se souvient aussi en 1987 de Famous Blue Raincoat, un album de Jennifer Warnes entièrement consacré aux chansons de Leonard Cohen.

De I’Am Your Fan en 91 et de Tower Of Songs en 95, hommage de la scène alternative, de la pop, du rock de la country au grand homme de Montréal. Toutes ces initiatives font de Leonard Cohen, ce pessimiste dans l’âme, ce personnage énigmatique et charmeur, un artiste aujourd’hui unanimement reconnu et respecté. Elle sont aussi une preuve de l’immense talent d’écriture de celui qu’on à appelé un jour "le dépressif non chimique le plus puissant du monde".

Voilà, vous connaissez un peu mieux maintenant l’histoire de Leonard Cohen...


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