Benjamin Clementine
Alors
que son deuxième album, I
Tell a Fly
est sorti le 15 Septembre dernier, l’artiste anglo saxon, Benjamin
Clementine à démarré une tournée et est bien évidemment passé
par la capitale. Pour sa deuxième date française, l’ancien
lauréat du Prix Mercury a pris possession du Grand Rex, l’une des
salles emblématiques de la scène parisienne. Retour sur une
prestation qui n’a laissé personne de marbre.
Cela
faisait un peu plus d’un an que Benjamin Clementine n’était pas
monté sur les planches parisiennes et ce soir, les murs de cette
salle de cinéma ont vibré au son de cet artiste de talent, au
rythme de sa voix grave et envoûtante. En attendant le début du
concert nous pouvons d’ores et déjà voir la scénographie qui
servira de décor et élément central du show. Très sobrement et de
façon assez théâtrale, nous devinons qu’un guitariste et un
batteur surplomberont le chanteur et seront entourés de 6 mannequins
en plastique (2 femmes enceintes, 2 enfants, 1 nous tournant le dos
et 1 homme assis plus à l’écart).
Étant annoncé a 20h,
l’attente se fait sentir.
20h51, les lumières s’éteignent
enfin. Un silence se crée et fait résonner les première notes de
Farewell
Sonata.
Accompagné de ses musiciens, Benjamin fait son entrée, en
déambulant et multipliant les pas sur l’ensemble de la scène,
dans un jeu de lumière tourbillonnant.
Tous les trois vêtus de
combinaisons de chaudières bleues et tous pieds nus. Quand le
chanteur entame son God
Save the Jungle,
une pop baroque avec la sensation d’un numéro musical
avant-gardiste, c’est avec une grâce et une gravité majestueuses.
Avec ses chants maniérés et ses références célestes à un
«étranger
qui passe en souhaitant la paix à tous».
Les
chansons s’enchaînent avec de nouveaux personnages en plastique
qui font leurs apparitions dans le noir, comme on change un décor de
théâtre. Clementine se réfère, entre autres, à la migration, au
problème des réfugiés dans Calaisfornia,
au brexit et à la Syrie, ainsi qu’au fait d’élever des enfants
victimes d’intimidation dans
Phantom of Aleppoville.
Après
le 5ème morceau, il quitte la scène, laisse la salle plongée dans
un noir absolu, des applaudissements se tentent timidement. Au bout
de quelques minutes, il revient sur scène.
Il a changé de tenue.
Dans une chemise à volants blanche et pantalon en velours noir, il
s’adresse enfin à son public et lance un simple « Hello
».
Les applaudissements se font alors plus forts et chaleureux.
L’artiste nous demande à deux reprises « ça
va ? »
auquel il nous répond un « Cool! »
drôle et maladroit quand nous lui disons que oui, ça va! Avec le
drapeau américain, qu’il va mettre sur un des mannequins posé au
centre de la scène, il continue le spectacle et livre son nouveau
single Jupiter comme
il l’avait fait dans C à vous sur France 5.
Après cela il nous
demandera si « Macron
bien, Macron joli ? »
. Des ricanements se font entendre. Il séduit par son français
maladroitement parlé.
Pendant
Better
sorry than safe,
il est accompagné de son batteur et guitariste sur une charpente
avec des roues en dessous et qui se déplace de gauche à droite à
travers la scène.
À la fin d’Ave
Dreamer la
musique s’arrête, laissant place à de sublimes échos,
faisant vibrer le son de sa voix avec une floraison de
clavecin, avant de plonger la salle dans le noir.
Benjamin
Clementine revient après s’être changé encore une fois. Dans un
ensemble noir et toujours pieds nus il vient se percher sur un
tabouret haut, devant son piano à queue, dans l’obscurité totale.
Ayant un problème technique avec son pied de micro, il reste
immobile et silencieux, attendant que le technicien règle la
situation.
Il
commence son célèbre Condolence et
la salle entame une série d’applaudissements. Il
clôture son concert avec I
won’t complain.
À la
fin du morceau, il enlève ses écouteurs, éloigne son micro et ne
cesse de chanter pendant plusieurs minutes les paroles «
Though
my good days are far gone, they will surely come back one morn, so I
won’t, I won’t complain »
en marchant autour de son piano, entrainant les rires des personnes
qui tentent de chanter avec lui.
Après avoir présenté ses
musiciens, il salue son public.
«
If
it was too loud, sorry, it’s finished now, thank you very much. »
Après
avoir présenté ses musiciens, il salue son public.
22h10, il
quitte définitivement la scène.
Cet
artiste rare, sans fards et imprévisible, mérite la standing
ovation qu’il provoque, même si les personnes présentes ce soir
en attendaient probablement davantage.